La couleur noire : mystère et démystification

Sommaire :
 

• Signification de la couleur noire
• Comment faire de la couleur noire ?
• La couleur noire en RVB
• Nuances de noir
• L’histoire de la couleur noire
• La couleur noire en communication

Signification de la couleur noire  

Que ce soit dans la nature, ou par usage culturel, le noir est sans doute la couleur la plus marquée symboliquement, surtout seule ou mise en valeur par du blanc.

Langage et couleurs : le noir

Notre définition des couleurs est arbitraire : pour faciliter le langage et la communication, nous avons décidé de diviser le spectre des couleurs visibles et leur donner un nom, afin de faciliter leur mémorisation. De nombreuses couleurs n’ont d’ailleurs pas de nom dans certaines cultures. Mais le noir a ceci de spécifique qu’il est l’une des deux seules couleurs communes à toutes les langues, avec le blanc. Cela en fait l’une des deux couleurs les plus importantes à l’échelle planétaire.

Dans la langue française, la couleur noire est présente dans de nombreuses expressions. On parle d’idées noires, ce que l’on associe à la mort, à la tristesse et à la mélancolie. On dit être dans le noir pour signifier que l’on ne comprend rien à un sujet donné (cela renvoie au vide, au mystère qui émanent de la couleur). On parle également de marché noir : ici, on associe la couleur à la clandestinité. Être la bête noire de quelqu’un signifie que cette personne ne nous apprécie pas. L’humour noir est un humour cynique tiré de situations macabres et désespérées. Dans notre culture, le noir est associé à des significations intrinsèquement négatives.

Deuil et tristesse

La couleur noire, c’est l’obscurité, l’absence de lumière, crainte ultime depuis l’époque préhistorique où l’invention du feu a joué un rôle essentiel. C’est parce que ce qui demeure dans le noir, et donc dans l’absence de lumière, nous est inconnu : notre instinct de survie nous pousse naturellement à l’éviter. Depuis lors, on l’associe en Occident et dans de nombreuses cultures au deuil, au désespoir, et à la peur.

En général, dans les pays occidentaux, la tradition veut d’ailleurs que l’on s’habille en noir lors des enterrements ou pour signifier la perte d’un être cher. Cela n’a pas toujours été le cas : avant le 15ème siècle, la couleur prédominante en France en cas de deuil était le blanc, comme c’est toujours le cas dans les cultures hindoues ou bouddhiques où ce dernier est associé à la pureté de l’âme. Si les couleurs et la lumière représente une ode à la vie, le noir, qui les absorbe, rappelle le vide et la tristesse. Le noir sera même banni du Moyen-Âge, où il s’opposait à la chrétienté, associée à la lumière.

Élégance et sobriété

Si le noir renvoie à ces connotations négatives, il représente également autre chose. Il est l’une des couleurs dont on se lasse le moins, ce qui explique son aspect intemporel. Sa sobriété est même revendiquée par de nombreuses institutions religieuses, qui l’ont choisi pour rappeler l’austérité et la mesure. De nombreux domaines, comme le luxe et plus généralement la mode l’ont également choisi comme marque d’élégance.

C’est le cas depuis de la célèbre petite robe noire qui est devenue un synonyme de grâce à la française. Utilisé en quantité, le noir évoque le néant, mais par petites touches il évoque la distinction et met en valeur les couleurs auxquelles il est associé par contraste : tout est question de mesure !

La couleur noire et la rébellion

Les années 1950 ont vu une autre émergence dans la symbolique du noir : celle de la rébellion contre les normes établies. Deux villes du monde ont été le berceau de cette culture contestataire associée au noir : Paris et New York. À Paris, il était porté par les intellectuels et les artistes, dont Juliette Greco était l’une des figures. À New York, son port a été démocratisé par la Beat Generation, un mouvement de révolte artistique dont les protagonistes choisissaient de porter la couleur noire pour signifier leur rébellion contre l’ordre. L’influence de ces mouvements a été immense : depuis les années 1980, et aujourd’hui encore, le noir est aussi devenu l’emblème des contre-cultures punk et gothiques.

Comment faire de la couleur noire ?

Lorsque l’on utilise des pigments, donc de la matière, on parle en colorimétrie de synthèse soustractive, tandis que c’est la synthèse additive qui est utilisée pour aborder la couleur émise par la lumière. La manière d’obtenir du noir ou du blanc est à l’opposé selon que l’on travaille en RVB (synthèse additive) ou avec des pigments.

Synthèse soustractive

Vous pouvez effectuer le test par vous-mêmes. Avec de la peinture, il existe deux manières d’obtenir du noir :

• En utilisant les couleurs primaires, il suffit de mélanger rouge, jaune et bleu à parts égales. Vous pouvez ajuster votre nuance de noir en mettant légèrement plus de l’une des trois couleurs. Avec un peu plus de rouge par exemple, vous obtiendrez une nuance proche du noir réglisse ; avec un peu plus de bleu, elle se rapprochera du noir dorian.
• En utilisant les couleurs secondaires, vous devez mélanger la couleur de votre choix avec sa couleur primaire complémentaire. Par exemple, la couleur verte avec le rouge, le bleu et la couleur orange, ou le jaune et le violet donneront du noir. À l’inverse de la synthèse additive, mélanger deux couleurs qui s’opposent sur le cercle chromatique annule leurs propriétés.

La couleur noire en RVB

En RVB, où l’on utilise la synthèse soustractive et où les couleurs primaires sont le rouge, le vert et le bleu, le fonctionnement est inversé.

Code couleur du noir et synthèse additive

On peut se référer au code hexadécimal du noir : les codes hexadécimaux correspondent à la présence de chacune des trois couleurs primaires (les deux premiers chiffres renvoient à la présence du rouge, les deux suivants à celle du vert, et les deux derniers à celle du bleu). Contrairement à la synthèse soustractive, où le mélange des trois couleurs primaires donne la couleur noire, le noir en synthèse additive correspond à l’absence de couleur. Le code couleur du noir classique sera ainsi #000000.

La couleur noire et l’impression : CMJN

En impression, on utilisera le modèle CMJN plutôt que le modèle RVB pour caractériser les couleurs. L’acronyme correspond aux couleurs d’encre présentes dans une imprimantes : cyan, magenta, jaune et noir. Logiquement, le code couleur du noir en CMJN correspond donc au cyan, au magenta et au jaune à 0% et au noir à 100%.

Seulement, ce codage n’est pas adapté aux larges aplats de noir, qui perdra de son intensité à l’impression, et se rapprochera davantage du gris anthracite. Le mélange des trois couleurs primaires utilisé en synthèse soustractive (ce qui correspondrait en CMJN à C100, M100, J100 et N0) ne permettra pas non plus d’obtenir un noir parfait. Vous pouvez vous adresser à votre imprimeur pour connaître le pourcentage idéal de chaque couleur à utiliser pour raviver l’intensité de votre noir : certains conseillent de mettre les trois couleurs primaires à 30% et le noir à 100%. Cela correspondrait au code CMJN suivant : C30, M30, J30, N100.

Nuances de noir

Il semble étrange de parler de nuances de noir quand le noir évoque l’absence de couleurs. Pourtant, on peut y ajouter de petites touches de couleurs qui font légèrement varier le noir pour un œil averti. En graphisme, et surtout pour le print, il est d’ailleurs recommandé d’être attentif à la nuance de noir choisie si l’on souhaite parvenir au résultat souhaité avec précision.

Si la différence en matière de perception réside dans les détails, le champ chromatique noir comprend de nombreuses nuances : noir ébène, noir aile de corbeau, noir réglisse, noir de jais…

Le noir Vantablack

En théorie, le noir est supposé absorber toute lumière qui se réfléchit sur lui. En pratique, nous ne sommes jamais parvenus à créer une nuance qui le fasse complètement de manière artificielle. Des équipes scientifiques se sont penchées sur le sujet, et ont ainsi créé le noir Vantablack : il s’agit de la nuance de noir la plus pure jamais conçue. Elle absorbe 99,995% du spectre lumineux sans le réfléchir.

Les couleurs qui vont avec le noir

Sur la roue chromatique, et quelle que soit sa nuance, le noir a l’avantage de se marier avec toutes les couleurs possibles : il les met en valeur par contraste. On pense à l’association du rouge et du noir, choisie d’ailleurs par Stendhal pour son roman éponyme : le rouge rappelle la passion, le vivant, et le noir symbolise la mort et le vide. C’est le lien entre Éros et Thanatos, la pulsion de vie et la pulsion de mort, et l’auteur y fait sans doute aussi référence aux jeux de hasard où l’on sélectionne l’une des deux couleurs et l’on s’en remet à la chance, analogie qu’il appliquait sans doute à l’existence même.

Si l’association du rouge et du noir a quelque chose de sensuel, le noir s’accorde de manière générale parfaitement avec les couleurs vives. Quelle que soit l’association, le noir mettra en valeur l’autre couleur choisie et intensifiera ses symboliques. Avec le rose il devient romantique, avec le jaune pimpant, avec le bleu élégant, et avec des couleurs métalliques comme l’or ou le bronze il sera associé au luxe.

L’histoire de la couleur noire

À quoi correspond le noir, sur Terre et ailleurs, et depuis quand utilise-t-on cette couleur pour communiquer entre nous ?

La couleur noire dans l’univers

Sur notre planète, le noir renvoie aux profondeurs de la terre : on pense notamment à la couleur du pétrole ou celle du charbon. Des pierres précieuses et semi-précieuses, trouvées sous terre, revêtent également la couleur noire : on pense à l’onyx ou à l’obsidienne. Peu de végétaux sont de couleur noire, les teintes de brun étant plus présentes dans la nature que les pigments noirs.

Si l’on veut observer la couleur noire dans la nature, c’est plutôt vers le ciel que notre regard doit se tourner. La matière noire composerait 95% de notre univers, et on lui a donné ce nom en référence au fait qu’elle n’émettrait ni n’absorberait la lumière. On parle aussi de trous noirs en référence à la lumière : rien ne peut s’échapper d’un trou noir, y compris cette dernière.

Le noir dans les arts

Si elle est observable dans la nature, la couleur noire est devenue au travers des arts indissociable de la culture, ce qui explique son omniprésence en conception graphique aujourd’hui. Le noir est utilisé dans les arts dès la préhistoire, à partir de pigments comme le charbon, la fumée, les noix… La rareté du pigment noir dans la nature explique qu’il n’ait été trouvé qu’en petite quantité dans les œuvres qui nous parviennent de cette époque : il était utilisé pour tracer les contours ou les ombres.

Jusque très tard dans l’histoire de l’humanité d’ailleurs, le pigment noir était peu utilisé dans les arts, parce que les pigments noirs fabriqués jusqu’au 14ème siècle étaient instables et se dégradaient. Les teinturiers italiens de cette époque ont réalisé d’immense progrès pour habiller leurs tissus de noir, ce qui a révolutionné l’histoire de ce pigment. L’encre de calligraphie y a également joué un rôle important, notamment l’encre chinoise dont la qualité est encore aujourd’hui incontestée.

En art contemporain et surtout au début du 20ème siècle, l’usage de la couleur noire revêt des symboliques contestataires. Rodtchenko répondait par exemple au carré blanc sur fond blanc de Malévitch par la toile Noir sur noir : il disait lui-même que le sujet de son art était la disparition de la lumière. L’objectif semble être le même pour le peintre Pierre Soulages, connu pour ses œuvres aux larges aplats de noir. Ces mouvements dans l’art contemporain ont façonné notre relation avec la couleur noire et son imagerie dans la communication.

La couleur noire en communication

Quel que soit la nature du projet qu’elle habille, la couleur noire porte des symboliques similaires dans la communication, qu’il s’agisse de graphisme, de marketing ou du monde de la mode. Dans ces domaines, elle se dévêt souvent de ses significations morbides pour porter l’élégance, le raffinement et la sobriété.

Graphisme et marketing : les logos noirs

Cela explique son omniprésence dans les logos d’entreprises. Les logos noirs sont associés à la sophistication et à la confiance. Les polices de caractères jouent un rôle important dans l’usage de logos noirs. Dans le secteur du luxe, ils s’accompagnent souvent de polices épaisses et lisibles, qui se passent de couleurs pour véhiculer leurs messages. Une recrudescence de l’utilisation de logos noirs est aussi apparue dans tous les domaines avec l’avènement du digital, les technologies de l’information étant inextricablement liées à cette couleur. Son usage en graphisme s’est globalisé tant et si bien que de nombreuses entreprises ont récemment fait le choix de refondre leur logo en noir. Au-delà du luxe par ailleurs, il renvoie à l’efficacité et au caractère « droit au but » de la marque représentée.

La spécificité des logos noirs est qu’ils doivent être immédiatement identifiables et lisibles, qu’ils soient utilisés en print ou en digital. L’absence de couleurs rend le design moins tape-à-l’œil, si bien qu’il se doit d’être le plus communicatif possible pour représenter la marque.

Le noir correspond-il à votre projet ?

Si Illustrator vous permet de créer des logos, des icônes et des images vectorielles, elle vous permet également de travailler sur les couleurs utilisées et savoir si la couleur noire correspond à votre projet.

• Ouvrez Adobe Illustrator.
• Rendez-vous dans le menu du panneau Guide des couleurs.
• Choisissez le menu déroulant Limite le groupe de couleurs aux couleurs d’une bibliothèque de nuances en bas du panneau Guide des couleurs.
• Choisissez le thème qui correspond à votre projet, et vérifiez si le noir s’y trouve.

Dans ce menu, la couleur noire apparaît dans de nombreux thèmes : Entreprise, Métaux, Festivités etc.

Vous avez ainsi toutes les informations dont vous pouvez disposer pour utiliser le noir en toute sérénité pour vos créations graphiques.

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